Aux Etats-Unis, la vaccination des nouveaux-nés contre l'hépatite B sur la sellette
Aux États-Unis, la vaccination des nouveaux-nés contre l'hépatite B est évaluée par un comité dirigé par Robert Kennedy Jr., suscitant l'inquiétude des professionnels de santé. Des changements pourraient réduire les taux de vaccination, malgré le risque de maladies contagieuses graves. Les recommandations de ce comité, critiqué pour son manque d'expertise, ont perdu leur crédibilité face à la communauté médicale, qui souligne l'importance de vacciner dès la naissance pour éviter des épidémies.
ROBYN BECK - AFP
Des experts nommés par le ministre de la Santé vaccinosceptique de Donald Trump Robert Kennedy Jr. ont débattu jeudi de la possibilité d'arrêter de recommander le vaccin contre l'hépatite B à tous les nouveaux-nés, une proposition contestée sur laquelle ils voteront vendredi.
Ce groupe, dont les recommandations sont traditionnellement suivies par les autorités fédérales américaines, a déjà modifié en septembre les recommandations vaccinales sur le Covid-19 et la rougeole contre l'avis de nombreux scientifiques.
Il envisage désormais de changer la politique de prévention de l'hépatite B, un sujet épineux sur lequel se sont écharpés ses membres jeudi, conduisant à un nouveau report du vote.
Désormais composé de personnalités pour beaucoup critiquées pour leur manque d'expertise ou pour avoir relayé des théories vaccinosceptiques, ce Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP) examinera aussi vendredi le calendrier vaccinal des enfants et l'utilisation d'aluminium dans les vaccins, jugée toxique par les milieux antivax.
- "Irresponsable" -
L'initiative inquiète la communauté médicale américaine, qui redoute que l'accès aux vaccins soit restreint pour des raisons idéologiques, alors que les taux de vaccination reculent depuis la pandémie et font craindre le retour de maladies mortelles comme la rougeole.
Autrefois routinières, ces réunions sont désormais un terrain d'affrontement entre les scientifiques choisis par le ministre et des associations de soignants.
Ces dernières ont dénoncé jeudi la mise en avant d'arguments "non scientifiques" pour justifier la proposition étudiée, qui consiste à recommander la vaccination à la naissance contre l'hépatite B aux seuls enfants dont la mère est porteuse du virus.
Les autres se verraient alors conseiller la première dose - sur trois nécessaires - à partir de deux mois après la naissance, comme c'est déjà le cas dans plusieurs pays développés comme en France.
Mais la plupart de ces pays disposent d'"un système de santé universel" permettant de "suivre leurs enfants de très près. Ce n'est pas le cas" aux Etats-Unis, relève Jose Romero, spécialiste en infectiologie auprès de l'AFP, pour qui un tel changement est injustifié.
Ce serait "irresponsable, irrespectueux et très préjudiciable", a également alerté la médecin Flor Munoz, de la National Foundation for Infectious Diseases.
- Remodelage -
L'hépatite B est une maladie virale du foie notamment transmissible par la mère lors de l'accouchement.
Sans vaccin, "jusqu'à 90% des nourrissons (infectés) développeront unehépatite B et un enfant sur quatre finira par mourir de cette maladie", rappelle M. Romero, qui a siégé par le passé au sein de l'ACIP.
Comme lui, plusieurs experts accusent les nouveaux membres de propager des peurs infondées sur les vaccins, dans la lignée du ministre Robert Kennedy Jr, connu pour son vaccinoscepticisme.
Ce dernier a entrepris de remodeler la politique vaccinale américaine en limogeant des experts réputés, en annulant des financements pour le développement des vaccins et en initiant cette révision.
Et il pourrait aller encore plus loin en réformant les procédures d'approbation des vaccins aux Etats-Unis, selon un document interne de l'Agence du médicament ayant récemment fuité.
Le protoxyde d'azote au volant, une drogue indétectable difficile à endiguer
Une sanction "rare": deux médecins révoqués pour des violences sexuelles aux urgences de Vendôme
Lexique
Hépatite : affection inflammatoire du foie qui détermine une destruction des cellules hépatiques (cytolyse), puis une fibrose porto-lobulaire dont l'origine peut être :
virale (hépatites A, B, C, D, E...),
toxique : alcool, médicaments, autres substances toxiques professionnelles ou non comme les solvants chlorés, l'arsenic, dioxines...
auto-immunes : dérégulation du système immunitaire soit spécifique d'un organe (foie par exemple) soit avec atteinte plus ou moins généralisée de l'organisme.
Les manifestations cliniques sont multiples, souvent non spécifiques et varient en fonction de l'importance de l'atteinte du tissu hépatique :
ictère (coloration jaune du blanc des yeux puis du reste du revêtement cutané,
fatigue parfois importante avec perte de l'appétit et amaigrissement,
douleurs articulaires,
démangeaisons (prurit) généralisées,
parfois fièvre...
En dehors des très rares hépatites fulminantes (destruction massive des cellules hépatiques) de très mauvais pronostic, une hépatite aiguë peut :
le plus souvent guérir (normalement, les cellules hépatiques se régénèrent d'elles même) après quelques semaines ou mois de maladie ;
parfois se compliquer en passant à la chronicité, les tests hépatiques restent perturbés après 6 à 12 mois d'évolution de l'atteinte initiale. Dans certains cas, l'hépatite continue à se dégrader dans le temps (hépatite chronique active et abouti au stade de cirrhose .
La présence de tests hépatiques perturbés chez un patient doivent rendre prudente la prescription de nombreux médicaments soit à cause de leur propre toxicité hépatique, soit parce que leur transformation (qui se fait au niveau du foie) sera perturbée par son mauvais fonctionnement.